Fabienne Pascaud Mari

Fabienne Pascaud Mari Elle avait des aspirations religieuses dans son enfance. Le drame de la liturgie catholique lavait agac. Elle a dcid de renoncer lutilisation dun rideau et a plutt choisi douvrir les volets. Fabienne Pascaud va au thtre tous les soirs. Vous devez rompre le pain avec de vrais acteurs en chair

Fabienne Pascaud Mari – Elle avait des aspirations religieuses dans son enfance. Le drame de la liturgie catholique l’avait agacé. Elle a décidé de renoncer à l’utilisation d’un rideau et a plutôt choisi d’ouvrir les volets. Fabienne Pascaud va au théâtre tous les soirs. Vous devez rompre le pain avec de vrais acteurs en chair et en os et avoir une sorte de connexion avec le public pour vraiment comprendre le mystère d’un grand auteur.

De même, Fabienne Pascaud va droit au but en matière de musique. Le voyage final est essentiel à sa décision. Son mari, le compositeur et concepteur sonore Louis Dandrel, a l’oreille de Dionysos, et elle-même a le tempérament volontaire et combatif d’un personnage historique. L’avenir de la culture à Télérama, où elle est directrice éditoriale, est assuré.

Ce fut un plaisir de faire la connaissance de Louis Dandrel. Continuellement, une apparition solennelle. Toujours de bonne humeur, le sourire aux lèvres et la volonté d’écouter. Les autres, la vie et le monde. Être attentif était plus que le métier qu’il avait choisi ; c’était un mode de vie.

Louis Dandrel était un éternellement jeune car il avait passé un pacte avec la musique et le monde du son il y a très longtemps. Tout le monde a le même visage et la même forme n’a pas changé. La même bienveillance. Quand il était là, l’âge ne signifiait rien. Le dynamisme qui le motivait fit disparaître les années en un éclair.

Et pourtant, quel parcours ! Deux vies, au minimum. Pionnier dans le domaine du journalisme musical, il commence à rédiger des articles pour Le Monde en 1965, devient rédacteur en chef de France Musique en 1975, et vit donc de près la révolution culturelle avant de fonder Radio Classique et Le Monde de la musique. Musique. La seconde chance d’un créateur sonore. Il semble avoir inventé le métier qu’il exerçait en raison de la manière unique et innée dont il l’exerçait.

S’il le voulait, il pourrait faire chanter un jardin d’Osaka, prédire l’arrivée du TGV à la gare de La Ciotat, ou encore façonner le bruit d’une porte de voiture qui s’ouvre. Et il en parlait magnifiquement, toujours plein d’idées neuves et à l’écoute de son auditeur.

Car, malgré son allure d’extraterrestre un peu fou, borderline, Louis Dandrel avait une appréciation exquise des sons des ondes, des vibrations et des réverbérations que nous-mêmes ignorions béatement. Quiconque lui fait une faveur. L’honnêteté avec laquelle ses amis et, surtout, ses anciens collègues discutent de cet aspect de son personnage est un témoignage du jeune homme qu’ils sont venus admirer.

L’ancienne directrice de la rédaction de Télérama, Fabienne Pascaud, était mariée à un dénommé Louis Dandrel. Peu de gens savent combien de temps Fabienne l’a emmené au théâtre et à la Philharmonie de Paris avant de le garder à ses côtés jusqu’à la fin, ne laissant jamais que sa consternation s’estomper. Outre leurs deux fils, Paul et Luc, toute la rédaction les soutient à 100%.

Fabienne Pascaud Mari

J’ai rencontré Louis Dandrel pour la première fois en 1983, alors que j’étais en train d’organiser le festival de musique contemporaine Musica à Strasbourg. C’est Alain Durel, alors à Radio France, qui nous a présentés, et Louis était festivalier l’année d’après. Pour ma génération, Louis a toujours été présenté comme un modèle pour avoir “sécoué le cocotier”, notamment pour avoir révolutionné France Musique.

Pour pouvoir écrire ses bouquins sans avoir à accepter la création musicale ou sonore prônée par Louis, il plaisante sur les cinglantes injonctions de Jean-Paul Sartre et le retour du « robinet à musique ».

J’étais content que nous nous soyons croisés car il était clair qu’il avait quitté le journalisme pour la production musicale. Pour moi, l’aspect le plus excitant de Musica n’était pas les compositeurs auxquels nous donnions des commandes ; j’espérais plutôt que le festival donnerait une nouvelle vie à la ville dans son ensemble.

Louis a commencé sa carrière d’artiste sonore avec une œuvre dans les jardins du Planétarium de Strasbourg, et il a depuis reproduit l’œuvre dans d’autres jardins à travers le monde, dont le Jardin des Voix à Osaka. Il m’a présenté son ami, l’artiste sonore danois Knud Viktor, qui passait des nuits entières dans le Luberon, écoutant les pierres qui roulaient dans la nuit, puis utilisait ces données pour composer des symphonies.

Louis ouvre à cette époque son studio de création sonore boulevard Davout (Paris 20e). Il a collaboré avec des scientifiques et des musiciens pour tester des prototypes qui deviendront éventuellement les outils utilisés pour aider les sourds à retrouver des sensations grâce à l’utilisation de vibrations transmises au crâne ou à la colonne vertébrale.

Avec l’avènement de Mitterrand et de Jack Lang au début des années 1980, la porte s’est ouverte à de telles entreprises. Il a commencé à réfléchir à comment rendre le son de la ville plus harmonieux, ou comment organiser le son, ce qui ressemble presque à une écologie.

Louis a collaboré avec un constructeur automobile sur les premiers prototypes de véhicules électriques pour fournir du son. Et avec la SNCF pour la signalisation sonore, comme pour « avertir » les piétons sur le quai d’un TGV qui approche avec un signal sonore d’approche et un carillon de suivi après le passage du train. Tout cela est fait dans le but d’améliorer l’harmonie entre l’homme et la machine.

Après mon passage chez Musica, j’ai pris la direction de l’Institut de Recherches Avancées en Informatique Musicale (Ircam) et Louis, désireux d’approfondir ses travaux et de nouer des liens avec d’autres institutions sérieuses de recherche acoustique, s’est installé dans un laboratoire spécialement conçu au sein l’Institut.

Je suis passé de travailler à ses côtés à seulement l’observer en action. Son travail au Centre Pompidou, dans lequel il recréait l’identité sonore des villes du monde ainsi que leurs identités culturelles, m’a énormément plu.

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